Dans mon article précédent, je vous présentais mon cheminement personnel pour développer mon activité. Vous raconter ce travail d’introspection m’a aussitôt donné envie d’aller à la rencontre d’entrepreneurs engagés et en quête de sens afin de connaître leur parcours. Cela a donné lieu à des échanges très enrichissants. Je suis heureux de mettre en lumière ces personnes ainsi que leurs projets dans cet article.

 

Yes We canyon, pour découvrir les richesses de la nature

 

Yoann Pastrello est un passionné de canyoning. Il y a quelques années, il décide de passer la formation au diplôme d’Etat canyon. Au cours de cette formation, il rencontre Zacharie Le Hoangan. Ils deviennent amis et ne se doutent pas encore de l’aventure entrepreneuriale qui les attend plus tard !

Yoann et Zacharie ont la fibre du communicant. Dès la fin de la formation, ils ont l’idée de faire un t-shirt avec le slogan « Yes we canyon » pour l’ensemble de sa promo afin de garder un souvenir de la formation. Ce projet est sans but lucratif mais ce slogan leur plaît. Ils le gardent en tête pour plus tard !

Son diplôme en poche, Yoann commence à travailler sur Grenoble en tant que stagiaire au sein d’Isère Sport Nature. En parallèle, sa soif d’indépendance le pousse à développer sa propre clientèle. Il utilise l’accroche Yes We Canyon de manière informelle pour commencer à se faire connaître mais sans réelle stratégie de marque. Lors de l’été 2015, il lance un premier site vitrine et décide de déposer la marque pour poser les fondations de son projet.

Pisteur secouriste durant l’hiver, cela lui permet d’assurer une activité viable tout au long de l’année. Il profite de l’hiver 2015-2016 pour préparer le lancement de ses propres prestations. Il peaufine sa stratégie de communication. Il utilise les réseaux sociaux, laisse quelques flyers au sein d’Office de tourisme et crée des cartes de visite. Et il s’appuie sur son réseau. Le travail paye et il arrive à sortir un bon chiffre d’affaires lors de l’été 2016.

Zacharie, de son côté, finit son diplôme à la fin de l’année 2016. Ils réfléchissent alors à mutualiser les moyens et décident de travailler ensemble. Ils contactent ensuite Marvine Eveno, un très bon ami de la fac, qui possède de nombreuses compétences complémentaires et un bon réseau. Il est également titulaire du Brevet d’Etat d’escalade canyon.

Il décide rapidement de se souder au projet et cela lui donne un bon coup d’accélérateur. Durant l’hiver 2016-2017, ils travaillent tous d’arrache-pied sur le site web, la création d’un agenda partagé, la gestion du téléphone etc…

Ils sont alors contactés par le SNAPEC (Syndicat National des Professionnels de l’Escalade et du Canyon) qui a eu connaissance de leur projet. Il leur conseille fortement de créer une société à 3 plutôt que de rester chacun en statut d’indépendant. C’est ainsi que la SARL Yes We Canyon est née en 2017.

Yes We Canyon

 

La suite de l’aventure est mouvementée. Ils apprennent à faire face à de nombreuses problématiques de gestion. La charge de travail est notamment importante pour gérer les réservations. Ils s’équipent et montent en compétence sur de nombreux outils en ligne.

Avec le recul, Yoann regrette de ne pas avoir travaillé au moins un été en tant que guide pour observer la gestion de problématiques organisationnelles au sein d’autres entités. Cela l’aurait beaucoup aidé pour mieux faire face à toutes ces problématiques de gestion.

La saison estivale fonctionne bien. Les trois amis apprécient énormément de travailler ensemble.

Ils réfléchissent rapidement à être en cohérence par rapport à l’image qu’ils souhaitent donner. Ils estiment en effet avoir une responsabilité dans la préservation des canyons et de leurs environnements.

L’impact principal de leur activité est le déplacement en voiture ainsi que la forte fréquentation des sites de pratiques que leur activité peut engendrer sur l’environnement. Or, il est complexe d’organiser un covoiturage quand les clients viennent de loin et de lieux différents. Alors ils organisent des covoiturages depuis des points de rendez-vous un peu moins éloignés des lieux de pratiques.  Ils se réunissent également en début et en fin de saison avec tous les professionnels pour nettoyer les rivières et les parkings.

Mais ils veulent aller plus loin pour montrer leur engagement écoresponsable. Sous l’impulsion de Marvin, ils décident de prendre part au programme 1% for the planet, qui consiste à donner 1 % de leur chiffre d’affaires à des associations de préservation de l’environnement

Tout va pour le mieux cependant un évènement vient un peu refroidir l’ambiance. Contrairement à Yoann et à Marvin, Zacharie n’est pas pisteur secouriste ou cordiste travailleur en hauteur le reste de l’année. Il ressent un besoin de plus de stabilité et de concrétisation personnelle. Il se retire du projet à la fin de l’été 2019.

Il a fallu accepter ce choix réfléchi et en cohérence avec les envies individuelles de chacun.

Mais l’aventure Yes We Canyon continue à deux, plus que jamais, avec Yoann et Marvin !

Si vous voulez profiter de l’été pour découvrir les beaux canyons de l’Isère : https://www.yes-we-canyon.com/

 

Ddemain, pour accélérer la transition environnementale

 

Après un stage de fin d’étude sur l’analyse du cycle de vie et l’écoconception, Julie Orgelet a passé 10 ans en entreprise à travailler dans le domaine du génie climatique et de la gestion de l’énergie.

Mais un jour, elle regarde les choses en face : ce travail manque de sens. Trop de déclaration environnementale et peu d’étude. Pas assez de coopération dans une organisation verticale et pyramidale. Elle ne se sent plus alignée dans son quotidien professionnel.

La naissance de son premier enfant lui donne l’occasion de prendre du recul.

Plusieurs mois se passent puis Julie saisit l’opportunité de quitter son entreprise en bon terme. C’est le début d’une certaine forme de liberté mais le plus dur reste à venir.

Avant de partir, Julie a pris soin de réaliser un bilan de compétence. Elle ne veut plus entendre parler de « conseil » et souhaite se laisser guider par sa sensibilité environnementale.

Elle a une idée en tête. Durant son expérience professionnelle, elle a réalisé une étude d’impact environnementale sur les réseaux de télécommunication. Puis elle a rencontré de nombreux experts du numérique écoresponsable.

Cela lui donne l’idée de se développer autour de l’impact environnemental du numérique, en lien avec ses valeurs : sobriété, lien avec l’autre. C’est un prisme intéressant qui nécessite d’informer les gens et d’aller à leur rencontre.

Julie ne traîne pas pour donner vie à son projet et intègre la coopérative d’activité 3bis en mars 2018. Cette structure l’accompagne dans son processus de création d’activité. Elle y trouve un côté « cocon » sécurisant et apprécie le sentiment d’appartenir à un collectif.
Elle s’y forme à l’intelligence collective, à la communication non violente.

Elle décide alors de structurer son activité autour de deux axes principaux.

Pour répondre à son besoin d’alignement, elle développe un projet d’animation de tiers lieux dans un quartier prioritaire de la ville.  Pour rappel, les tiers lieux sont des espaces où les individus peuvent se rencontrer, se réunir et échanger de façon informelle (restauration, recyclerie, coworking). Elle propose notamment des ateliers « formation, action » aux écogestes et à la sobriété numérique.

Pour sécuriser son activité, elle décide de conserver une activité de conseil en analyse du cycle de vie. Cela lui permet de prolonger son travail de sensibilisation au numérique responsable.

 

Ddemain

 

Julie trouve aujourd’hui son équilibre de vie entre projet associatif, activité de conseil et temps avec ses enfants. Impossible de revenir au salariat avec son besoin de flexibilité ! Un seul petit regret si c’était à refaire : elle se laisserait plus de temps avant de remonter une activité.

Pour passer au numérique écoresponsable, rendez-vous sur https://ddemain.com/

 

Auxpetitsgrains, pour des courses zéro déchet sans se déplacer

 

Pol-Marie André est un globe-trotter. Il a notamment travaillé un an en Australie et 7 mois en Asie du Sud Est.

Durant ces voyages, il a mesure l’importance de réduire ses déchets au quotidien. Il l’explique très bien sur son site : avant même de recycler, la meilleure façon de réduire nos déchets… c’est de ne pas en produire ! Il adopte ainsi un mode de vie « zéro déchet » à son quotidien.

A son retour en France il y a quelques années, il continue cette démarche et veut même aller plus loin. Il se donne un an pour réfléchir à un projet entrepreneurial fidèle à ses convictions. Il reprend un travail alimentaire pour se donner les moyens de mûrir son projet

S’appuyant sur son expérience de gestion d’un bar associatif en fin d’étude, il tient son idée : ouvrir la première épicerie vrac en ligne sur Grenoble.

Pour développer son projet, il trouve un associé. Mais les débuts de l’aventure sont un peu compliqués entre retard de livraison du site internet et difficultés à obtenir un emprunt bancaire !

L’ouverture officielle a finalement lieu en septembre 2018. Mais Pol-Marie est désormais seul car son associé quitte l’aventure en août 2018, le travail en commun n’étant plus possible.

Le manque de communication sur les attentes de chacun, notamment la séparation entre vie privée et vie personnelle, a posé problème. Ils se sont également mal répartis la responsabilité et le travail : des choses ont été mal faites ou pas faites

Mais Pol-Marie fait face et lance donc le projet. Il doit alors affronter de nouveaux écueils.

Il ne dispose pas de boutique physique « classique » pour attirer la clientèle. Les gens ne le voient pas et il faut donc faire des efforts de communication.

Il se rend sur des marchés et organise des évènements sur le thème de l’écologie et du zéro déchet. Il démarche également des entreprises. Son outil de communication principal est un flyer en papier ensemencé.

Le projet commence à être davantage visible mais l’effort de communication doit être constant. Ce n’est pas évident de trouver facilement des clients par le bouche à oreille !

 

Aux petits grains

 

Alors il met les bouchées doubles sur l’organisation d’ateliers zéro déchet.
Voici quelques exemples
– Bee Wrap : pour réaliser de l’emballage alimentaire écologique à base de cire d’abeille (pour par exemple remplacer le cellophane).
– Réaliser du papier cadeau avec des tissus.
– Découvrir du zéro déchet.
– Apprendre à créer ses produits de beauté et de soin naturels soi-même.
– Il est également actuellement en train de créer un atelier de A à Z sur les produits d’entretien maison.

Les efforts sont payants, l’activité se développe mais Pol-Marie ne se verse pas encore de salaire. Pour accélérer les choses, il réfléchit à embaucher un commercial pour pouvoir se concentrer sur sa gestion des fournisseurs et la recherche de nouveaux produits.

Avec le recul, son projet a pris plus de temps que prévu entre la fin d’activité professionnelle et le lancement du projet. Il conseille de retarder le plus possible le départ d’une activité salariée avant de lancer son projet.

Pour faire des courses zéro déchet sans vous déplacer autour de Grenoble : https://auxpetitsgrains.fr/

 

NOK factory, pour redonner vie aux articles de sport hors d’usage

 

Vincent Gelin et Adrien Régui ont exercé avec passion leur métier de concepteur snowboards chez Rossignol durant plusieurs années.

Durant ces années, ils réfléchissent à apporter des solutions de revalorisation des articles de sport défectueux. Ils initient des séances de créativité autour de l’upcycling (surcylage) des produits développés par la marque. Le skateboard arrive rapidement sur la table et ils profitent d’un défaut de production sur quelques centaines de snowboards pour créer un modèle de skate taillé dans cette production défectueuse.

Ce modèle de skate fonctionne bien et connaît un certain succès auprès de la presse spécialisé.

Mais ils font face à un écueil majeur : la distribution. En effet, le réseau commercial de l’entreprise n’est pas approprié pour vendre du skate. Ils essayent alors de le proposer aux clients directement par la vente en ligne sur le site. Mais qui achèterait un skate d’une marque dont ce n’est pas le métier ni l’image ? Faute de débouché, le projet de skateboards recyclés se referme petit à petit dans son carton.

Vincent et Adrien sont pourtant convaincus que ce projet a de l’avenir, qu’il pourrait servir de poisson pilote pour d’autres initiatives ecoresponsables et contribuer à prendre le virage de l’économie circulaire dans le milieu de la board culture.

Pour cela, il lui faut un cadre légitime, une marque dont la raison d’être est de proposer des produits qualitatifs, esthétiques et durables avec une démarche d’upcycling.

Si la marque Rossignol n’est pas appropriée, alors le projet doit sortir de la marque. Et pour porter ce projet, Adrien et Vincent doivent sortir avec lui.

Ils prennent conscience de leur profonde envie de porter ce projet écoresponsable coûte que coûte. C’est à ce moment précis que tout devient possible : quitter leur situation professionnelle et réinventer leur vie pour créer de toute pièce un projet qui répond exactement à leurs convictions.

C’est donc décidé, ils quittent leur emploi pour donner vie au projet. Ils se tournent vers Ronalpia, un incubateur d’entrepreneurs sociaux, pour les accompagner dans cette aventure.

Avec le recul, Adrien explique que c’est une des meilleures décisions qu’ils ont prises. S’entourer du mieux possible est le meilleur moyen de réussir. Il y a tellement de raisons d’échouer que toutes les aides et conseils peuvent êtres décisifs.

Le 20 décembre 2017, après 9 mois d’incubation, de stratégie et d’interrogations, de rêves et désillusions, d’espoir, de motivation et de convictions, ils posent au greffe de Grenoble les statuts de l’entreprise NoK Factory.

 

Nok board

 

A noter que l’activité ne s’arrête pas à la commercialisation de skates. L’entreprise propose aussi un service à la carte pour les entreprises : la réalisation d’outils de communication à partir d’articles de sport hors d’usage.

Les contraintes s’apparentent parfois à une montagne infinie qu’il faut gravir pour voir plus loin. Mais la montagne, Adrien et Vincent aiment ça. Chaque décision stratégique à prendre pour l’entreprise est un travail introspectif afin de s’assurer que le cap donné est en parfaite adéquation avec leurs convictions.

On souhaite longue vie au projet que vous pouvez découvrir ici : https://www.nokboards.com/fr/

 

Anaturéa, pour passer à la cosmétique naturelle

 

Audrey Atzeni, originaire du plateau matheysin, est une proche de la nature qui a grandi à 1000 m d’altitude.

Après une enfance loin de l’agitation des villes, sa passion pour les voyages lui donne l’envie de passer un diplôme de commerce international. Une fois son diplôme en poche, elle intègre une grande entreprise du bassin grenoblois. Mais elle déchante un peu : cela ne satisfait pas du tout ses envies d’explorer le monde !

Elle décide alors de prendre les choses en mains et de voyager par elle-même. Un de ses destinations privilégiées est l’Australie qu’elle parcourt en sac à dos.  Elle en profite pour faire du bénévolat dans les fermes bio locales.

Cette expérience lui fait découvrir les vertus de l’essence des plantes notamment l’eucalyptus (bienfait pour la peau) et l’huile essentiel d’arbre à thé (antiseptique).

A son retour en Isère, un premier tournant pour son projet de vie l’attend. Elle trouve un contrat à durée déterminée pour une entreprise locale en plein développement. Une promesse de CDI lui est faite…mais ce n’est finalement pas possible.

Audrey connaît alors une grande période de doute. Elle s’interroge sur son utilité et sa place dans le monde. Elle se recentre alors sur ses envies profondes : aider les gens, protéger la planète et être proche de la nature et des animaux.

Elle décide de suivre ses envies de proximité avec la nature et prend le chemin de la reconversion professionnelle. Elle s’engage alors dans une formation de chargée de projet développement durable. A cet instant, elle a toujours du mal à imaginer travailler un jour dans un domaine en rapport avec l’environnement.

Au cours de cette formation, elle rencontre des passionnés d’écologie comme elle. Cela lui donne envie de continuer dans cette voie même si elle n’est pas totalement convaincue par les débouchés.

A l’issue de ce cette formation, elle intègre l’association la Maison de la Nature et de l’Environnement de l’Isère en remplacement d’un congé maternité. Elle s’occupe d’organiser des animations autour de la nature et de la montagne, elle est en contact avec des associations actives comme la LPO et la FRAPNA. Et surtout, elle commence à partager sa passion pour les cosmétiques naturels en animant des ateliers dédiés à cette thématique.

Son contrat se termine et elle est convaincue qu’il lui faut poursuivre dans cette voie.

Elle parvient à décrocher un financement pour passer une formation dans la Drôme durant 2 mois en 2014. Elle y approfondit ses connaissances sur la cosmétique bio, l’aromathérapie, la savonnerie naturelle et bien d’autres domaines. Elle apprécie notamment d’aller cueillir les ingrédients en pleine nature !

Elle sent qu’elle touche à son rêve de vivre de sa passion. Au retour de formation, elle tombe enceinte et sa période de grossesse va provoquer un déclic. En découvrant la composition des cosmétiques grand public pour bébé, elle prend peur ! Elle fait en effet de nombreuses recherches sur la composition des produits et elle découvre leur toxicité.

Elle se sent investie d’une nouvelle mission : aider les mamans et les bébés à utiliser des produits sains.

Il est temps pour Audrey de se lancer et de créer son entreprise.

 

Anaturea

 

Elle développe son activité autour de trois axes:
– Animation d’ateliers de cosmétique bio pour des entreprises, des collectivités et des associations.
– Conférences : découverte d’ingrédients et décryptage d’étiquettes par exemple.
– Accompagnement individuel pour créer des formules personnalisées, par exemple pour des problèmes de peau.

Les produits créés sont bio, éthique et écologique, un gros travail de sourcing étant fait. (Audrey propose même des déodorants qui peuvent m’intéresser dans le cadre de ma pratique du trail 😊).

L’entreprise fonctionne bien et les gens viennent assez vite à elle même si cela n’empêche pas Audrey d’avoir des moments de doute.

Prenez soin de vous ou de vos proches en découvrant les prestations d’Audrey www.anaturea.com

J’espère que le parcours de ces entrepreneurs seront inspirants pour vous et vous donneront des idées ! N’hésitez pas à me contacter pour me parler de votre cheminement.

 

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